Témoignages

Retrouvez ici des témoignages sur la France occupée.

 

 

« Je ne courais plus que pour la Résistance… »  Guillaume Mercader habitait Bayeux. Avant la guerre, il était cycliste professionnel. Entre 1941 et 1944, Guillaume Mercader fait semblant de s’entraîner et profite de ses sorites en vélo pour recueillir des renseignements qui aideront les Alliés à préparer le Débarquement.   « Pour récolter les informations, je circulais à vélo. C’était facile pour moi. Des agents de liaison me donnaient des papiers que je glissais dans des enveloppes que je plaquais sous mon pull-over de cycliste. Au niveau de l’arrondissement de Bayeux, le repère principal de la résistance était situé au 1 de la rue St-Malo. Là, avec le notaire, nous reprenions les croquis faits par les agriculteurs, pour les replacer sur un plan à la bonne échelle pour le chef d’état-major. Ensuite, à peu près toutes les semaines et toujours à vélo, j’allais déposer à Caen, au 259 rue Saint George, une enveloppe contenant les plans et des renseignements. C’était le responsable départemental, Eugène Melun, ingénieur des ponts et chaussées, qui passait ensuite les récupérer. Du temps de la guerre, jamais nous ne nous sommes croisés, par mesure de sécurité ». J’ai très souvent été arrêté près de la pointe du Hoc, un endroit très surveillé et assez éloigné de ma résidence. Il fallait donner des raisons. Alors, je montrais ma licence de cycliste professionnel et je disais que j’étais à l’entraînement, alors que je ne courais plus que pour la résistance ! J’ai eu de la chance, ils m’ont toujours laissé passer. »

La vie quotidienne à Paris vue par l’écrivain Georges Duhamel « De bonne heure le matin, elle compte ses tickets et établit un véritable plan de bataille pour obtenir de quoi nourrir sa famille. Avant de partir, elle prépare du faux café additionné de faux sucre (la saccharine). Ayant fait sa toilette à l’eau froide en prenant garde à ne pas faire mousser le savon trop longtemps, elle se rend chez le marchand de légumes et, par chance, y achète le dernier chou-fleur. Pas de problème à la charcuterie, il n’y a plus rien… pas de saccharine non plus à la pharmacie. Rentrée chez elle, elle prépare le repas qui se compose du seul chou-fleur. L’après-midi, après avoir reprisé quelques vêtements usés, elle repart en quête du repas du soir… »   Extrait du « Journal d’une parisienne » de Georges Duhamel

« A partir de l’arrivée des Allemands, il était défendu d’écouter la BBC. » Comme il y avait des Français qui continuaient à écouter, l’occupant avait brouillé les ondes par une petite musique et, pour pouvoir entendre quand il y avait le brouillage, il fallait mettre le son très fort ce qui, même avec les volets fermés, pouvait être entendu de la rue. Ensuite, les Français ont été obligés de remettre tous les postes à l’autorité allemande. On n’était plus supposés avoir de postes et si on était trouvé avec un appareil, on était envoyé en prison et ça pouvait se terminer en camp de concentration.

 

Moi, j’avais depuis longtemps un poste à galène que mon grand-père m’avait confié quand j’étais interne au lycée. Avec un camarade qui s’y connaissait mieux que moi, j’ai réussi à réduire le volume du poste à galène et j’ai pu le cacher dans une boite d’épinards, vide bien sûr. Je le gardais dans la cave avec des haricots secs dessus. Il y avait deux autres boites à côté pleines de haricots secs et je me disais : si jamais les Allemands fouillent, j’espère qu’ils videront une boite où il n’y a pas de poste à galène. Les écouteurs étaient cachés dans une vieille malle au grenier. Je raccordais le tout pour écouter les trois émissions de la BBC qui donnaient des nouvelles en français. J’écoutais le matin vers 8h et quart, le midi vers midi et quart, le soir vers 8h et quart. Mon père s’inquiétait un peu, il disait « Tu nous feras tous fusiller avec ton poste à galène ! ».

 

Là où c’était le plus stressant, c’était avant le débarquement, à partir du mois de mai, à l’époque où j’ai su quels messages allaient passer pour nous prévenir de l’arrivée des Alliés. Il y avait deux cents messages qui passaient tous les jours, alors là il fallait écouter attentivement. La moitié était des messages « bidon » pour tromper l’occupant. Au moment du débarquement, il y avait beaucoup de groupes à prévenir… chaque région avait son message auquel s’ajoutaient des messages spéciaux pour prévenir certains groupes de résistants qui devaient entrer en action.

Témoignage d’André Heintz, résistant caennais. Ce témoignage est présenté au Mémorial de Caen, dans la salle consacrée au Débarquement et à la bataille de Normandie.