Les journaux et la radio

La presse est surveillée...

Dès juillet 1940, le gouvernement de Vichy annonce que la presse doit se plier aux nouvelles règles afin de « l’amener à avoir une juste conception de ses devoirs dans la période présente ». En clair, la presse doit se soumettre à la censure ou cesser de paraître. C’est le choix de Pierre Brisson, directeur du Figaro, qui s’en explique aux lecteurs dans le dernier numéro du 11 novembre 1942 : « Les circonstances imposent au Figaro d’interrompre sa publication, cette mesure répond à une question de confiance. Les consignes impératives qui viennent de nous parvenir ne nous permettent plus de poursuivre nôtre tâche sans offenser nos sentiments les plus intimes et sans trahir la confiance du public. Il s’agit en définitive de mentir ou de se démettre. »

 

En janvier 1943, les règles sont assouplies : les journaux peuvent choisir leurs titres, la taille des caractères et ne plus être contraints de reproduire en totalité les informations transmises par l’Etat. En échange, ils s’engagent à se montrer dociles et respectueux du pouvoir.

Quelques titres de journaux diffusant la propagande du gouvernement de Vichy : Le matin, L’Oeuvre…

"Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand !"

Dès l’été 1940, les services de propagande allemands ont pris sous leur contrôle cinq radios regroupées sous le nom « Radio-Paris ». Sur ses 19 heures de programme quotidien, elle diffuse cinq bulletins d’information, puis dix à partir de 1943.

A côté des émissions politiques, Radio-Paris est une radio qui propose de la musique et des informations pratiques dans lesquelles on parle souvent de cuisine en ces temps de restrictions.

Sur les ondes de la BBC (la radio de Londres), un célèbre journaliste, Pierre Dac, se moque de Radio-Paris qui diffuse les idées de l’Allemagne nazie. Il a même inventé cette petite chanson qui sera reprise par des milliers de Français : « Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand ! ».

– Écouter ici

Pétain parle à la radio...

Le gouvernement de Vichy est lui aussi bien décidé à utiliser la radio qui permet de toucher directement 5,2 millions de foyers. C’est d’ailleurs à la radio que Pétain annonce, le 17 juin 1940, qu’il veut signer un armistice avec Hitler. Pour Vichy, la radio est un outil de propagande efficace mais qu’il faut manier avec précaution car l’auditeur peut couper le poste ou changer de station quand il veut. Les temps de propagande doivent donc être courts et ciblés.

Discours du maréchal Pétain, le 17 juin 1940. A écouter ici

 

En direct de Londres !

La tentation d’écouter les radios étrangères francophones sont fortes. Malgré le risque d’être arrêté par la police et le brouillage des ondes, des milliers de Français écoutent Radio Sottens pour ceux qui habitent près de la frontière suisse ainsi que les programmes français de la BBC de Londres.

Ecouter la BBC permet d’entretenir l’espoir que la liberté reviendra et que l’occupant nazi sera chassé de France. Chaque jour, la BBC diffuse des messages personnels codés qui permettront, à des groupes des résistants, de savoir, en juin 1944, que le débarquement vient de commencer en Normandie. Au printemps 1944, pour empêcher les Français d’écouter la BBC, les Allemands ordonnent la confiscation des postes TSF dans les départements côtiers du Nord-Ouest.

Discours du général de Gaulle, le 18 juin 1940 (enregistré le 22 juin).

– À écouter ici

"Et maintenant, veuillez écouter quelques messages personnels..."

Chaque jour, la BBC émet des dizaines de messages personnels codés. Si, la plupart d’entre eux n’ont pas de sens particulier et ne servent qu’à embrouiller les Allemands, quelques uns s’adressent personnellement à des Français et plus précisément à des résistants.

 

« Gabrielle vous envoie ses amitiés » — parachutage à réceptionner

« Le sapin est vert, je répète, le sapin est vert » — annonce du bombardement d’une gare

« Grand-mère mange nos bonbons »

« Yvette aime les grosses carottes » — parachutage d’armes

« Les sanglots longs des violons de l’automne » — annonce du Débarquement de Normandie à des résistants.

« La vache saute par-dessus la lune »

« Blessent mon cœur d’une langueur monotone » — annonce que le Débarquement est imminent

 » Les dés sont sur le tapis » — ordre de saboter les voies ferrées

A écouter ici

 

Les journaux clandestins

La Résistance va aussi diffuser des informations en diffusant des tracts et des journaux clandestins. L’idée est toujours la même : contribuer à la défaite militaire des Allemands et convaincre les Français de ne pas basculer dans le camp de la collaboration.

Souvent il s’agit de quelques feuillets, voire d’une feuille unique, recto verso. Le papier et l’encre sont devenus rares au fil des années et leur vente est soumise à un contrôle strict. Comme il est parfois quasiment impossible d’en obtenir, de nombreux tracts sont recopiés à la main en plusieurs exemplaires et distribués clandestinement ou déposés discrètement dans les boîte à lettres.

1000 titres de journaux de la Résistance

Pendant la guerre, près de 1 000 titres de journaux clandestins ont vu le jour. La durée de vie d’un titre est en moyenne de quatre mois et la majorité n’ont pu publier qu’un seul numéro. Seuls 80 titres réussissent à paraître pendant plus d’un an. Au début, leurs tirages sont peu importants, entre 5 000 et 10 000 exemplaires. Ils atteignent ensuite un chiffre moyen de 125 000 à 150 000.

En zone nord, on trouve les journaux : « Libération-Nord » avec un tirage de 50 000 exemplaires ou « Défense de la France » qui atteint 450 000 exemplaires en janvier 1944.

En zone Sud, on trouve : « Combat », le « Franc-Tireur », les « Cahiers du Témoignage Chrétien » et « Libération ».

« L’Humanité » quant à lui a publié 317 numéros.

La chanson des V... [Document]

La chanson des V
Chanson diffusée sur les ondes de la BBC et chantée sur l’air de la Ve symphonie de Beethoven

 

Il ne faut pas
Désespérer
On les aura
Il ne faut pas
Vous arrêter
De résister.
N’oubliez pas
La lettre V.
Ecrivez la
Chantonnez la
V V V V

 

Sur les murs et
Sur les pavés
Faites des V
Mais vous pouvez
Faire enrager
Les Doryphores*
Et sans remords
Et sans danger
Vous sifflerez
Et chanterez
V V V V

 

*insecte mais aussi surnom donné aux Allemands